Depuis quarante ans, les circuits Scalextric font partie intégrante du paysage ludique espagnol. La marque se joue de la concurrence en faisantà s’amuser petits et grands lors de compétitions publiques. Le siège de la société distributrice est à  Barcelone.

A chaque fête de fin d’année, ils sont les chouchous de toutes le générations.à Ils font partie des traditionnels cadeaux de bienvenue pour les nouveaux socios du Racc. Entre les circuits Scalextric et l’Espagne, l’histoire d’amour dure depuis plus de quarante ans. Pourtant, la saga de la marque mythique ne commence pas dans la péninsule ibérique mais en Grande-Bretagne. En 1947, l’ingénieur britannique Fred Francis réalise des reproductions de la jeune et déjà  célèbre Mini, tirés parà  une ficelle. Quinze ans plus tard, ce modèle se pare de plastique et s’intègre dans un circuit électriqueà commercialisé par l’entreprise Lines Bros : Scalextric est né. En 1962, les circuits Scalextric débarquent en Espagne mais leur nom imprononçable entraîne un démarrage digne d’une 2CV toussotant un petit matin de grand froid. Exin, société chargée de les commercialiser, a soudain une idée géniale : organiser une compétition de 12 heures ouverte à  tous. Le public adore, joue et achète ! Exin passe à  la vitesse supérieure et réitère l’expérience à travers tout le pays, sans oublier de proposer de nouveaux modèles, comme l’inoubliable Seat 600.

L’apogée des Seventies

L’absorption de Lines Bros par une autre compagnie n’affecteraà pas Exin, bien au contraire : la turbulente Espagnole continue sa course à  l’innovation en concevant elle-même des modèles de voitures et diversifie l’offre, allant de la Renault Dauphine aux Ford Escort,  BMW et Ferrari. Les circuits aussi gagnent en qualité. Les années soixante-dix marquent l’apogée de la marque, laquelle exporte dans tous les pays du monde et particulièrement en Grande-Bretagne où les fans restent au rendez-vous. Le succès des circuits tient aussi de leurs boîtes, admirablement illustrées par un artiste, Lluis Bargallo. La marque n’hésite pas à suivre l’actualité des grandes courses, mettant notamment en scène des Lancia Martini et des Audi Quattro présentes au rallye de Catalogne, plus vraies que nature. Mais si Scalextric est lucratif, il n’en va pas de même pour les autres jouets commercialisés par Exin qui, plombée de dettes, est déclarée hors circuit en 1992.

Une passion intacte

Racheté par la multinationale du jouet Tyco, Scalextric est heureusement remis en piste puis absorbé  par l’entreprise catalane Tecnitoys en 1998. Aujourd’hui, 15.000 circuit (fabriqués en Asie) sont écoulés annuellement dans le monde et des boîtes sont même proposées pour les pilotes à partir de 4 ans. De nombreux magasins spécialisés existent à  Barcelone (Carrer Pelaï, ronda Sant Antoni), lesquels voient défiler chaque jour des visiteurs en costard cravate venus acheter un modèle ou améliorer les accessoires de leur circuit. Quant aux collectionneurs, ils peuvent tenter de retrouver la voiture de leur enfance ou se procurer des pièces détachés le premier samedi de chaque mois sur la plaça Masades, près de l’Avinguda Meridiana, métro Sagrera. L’occasion de se rendre compte de la folie Scalextric, dont les fameuses boîtes illustrées par Lluis Bargallo se négocient autour de 30€ vides.

© Dominique Chidaine