Habemus Papam

Habemus Papam, le nouveau film de Nanni Moretti, sur les écrans le 4 novembre. Une critique de l’Église et ses codes portée par Michel Piccoli et… Nanni Moretti dans le rôle du psy du souverain pontif.

Au Vatican, le nouveau pape vient d’être élu. Les fidèles sont amassés sur la place Saint-Pierre, prêts à accueillir leur souverain pontife quand ce dernier est soudainement pris d’une attaque de panique, rendant impossible son apparition sur le balcon. Ne se sentant pas prêt à supporter le poids d’une telle responsabilité, il refuse d’aller saluer la foule qui attend en vain de connaître l’identité du nouveau pape. Ses conseillers, incapables de lui faire entendre raison, font appel à un psychanalyste de renom pour tenter d’arranger la situation. Mais ce dont a besoin le pape, c’est de temps et d’isolement. Et malgré la troupe de cardinaux terrorisée à l’idée de le quitter d’une semelle (allant jusqu’à le suivre dans ses entretiens avec le psychanalyste), et les fidèles du monde entier qui l’attendent sur la place Saint Pierre ou derrière leur poste de télévision, il y parviendra. Il parviendra à prendre ce temps et cette distance qu’il sent nécessaires pour réfléchir à ce qu’il souhaite réellement, à ce dont il se sent capable ou non.

Nanni Morreti psychanalyste

Habemus Papam est drôle et touchant. Pour le comique de situation on pouvait faire confiance à Nanni Moretti, parfait dans le rôle du psychanalyste qui entre dans l’univers du Vatican et se confronte aux codes et tabous religieux (que devient la psychanalyse quand on lui interdit d’aborder les sujets de l’enfance, des rêves et du sexe ?). D’un côté un tableau burlesque, celui d’un conclave désemparé devant une élection qui ne se passe pas selon les règles, celui d’un pape qui, au lieu de se livrer au rituel d’une apparition théâtralisée, part se cacher comme un enfant refusant d’aller à l’école le jour de la rentrée des classes. De l’autre un portrait émouvant, celui d’un homme qui prend peur face aux responsabilités qu’il se voit soudainement attribuées, d’un homme qui rêve de s’enfuir et de disparaître au moment où tous l’attendent. Rôle merveilleusement interprété par Michel Piccoli qui nous emmène avec lui dans ce moment de trouble, de remise en question personnelle et de quête de soi. La critique faite par Nanni Moretti dans Habemus Papam, n’est pas tant celle des hommes de l’Eglise -dont la gaucherie qu’il leur prête ne constitue qu’une gentille moquerie- que celle des codes d’une institution où chaque événement, chaque rituel, chaque parole, devient théâtre. Un théâtre ne laissant place à aucune improvisation, à aucun faux-pas, à aucun de ces aléas qui font partie de la vie de chaque homme, pape ou lambda.

© Claire de Colombel, vivreabarcelone, octobre 2011.

 

Habemus Papam, un film de Nanni Moretti, avec Michel Piccoli, Nanni Moretti.

Sortie en salle en Espagne, le 4 novembre 2011.

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