Evelyn, à l'affiche cinéma

Evelyn, c’est l’histoire d’un enfer. Où la réalisatrice Isabel de Ocampo dénonce la traite des blanches que subissent chaque année des jeunes femmes d’Amérique latine parties chez les anciens conquistadors pour y trouver un travail et un futur pour leurs familles. Un film très sombre porté par la jeune actrice Cindy Díaz. Bluffant.

La jeune actrice péruvienne Cindy Díaz interprète Evelyn.

Le premier long métrage de la cinéaste espagnole Isabel de Ocampo nous mène au bord d’une autoroute où se trouve le Luxury Hotel, un club de prostituées. C’est là que débarque la jeune Evelyn très vite rebaptisée Jasmine par les prostituées et le proxénète qui l’a fait enlever à coup d’illusions et de rêves prometteurs… Evelyn vient d’une bourgade paumée des Andes péruviennes où il n’y a ni travail ni futur. Elle vit avec sa famille qui survit difficilement grâce à une petite boulangerie. L’Espagne apparaît alors pour eux comme un nouvel Eldorado sur la terre des anciens conquistadors. Un horizon doré pour les jeunes en recherche d’une vie meilleure. Mais tout cela n’est qu’un mirage et c’est ce que s’attache à montrer la réalisatrice. Evelyn s’envole vers l’Europe pour connaître le pire, se perdre dans le noir d’une triste réalité.

La réalisatrice Isabel de Ocampo et son actrice Cindy Díaz, le 6 juin dernier à Barcelone. Photo : Jean-Benoit Kauffmann.

Evelyn, magnifiquement interprétée par la toute jeune Cindy Díaz, est une héroïne en forme de symbole. L’innocence vierge et pure détruite par un continent carnassier, vermoulu. À peine débarquée en Espagne, elle va découvrir la vie telle qu’elle est vraiment pour 48 000 victimes de la traite des blanches selon un rapport de l’ONU. Ici la jeune péruvienne découvre un no man’s land tout près de la frontière portugaise en pensant y retrouver sa cousine, employée de cafétéria. Au lieu d’une cousine aimante, le seul lien familial qu’elle retrouve apparaît sous les traits grimés d’une prostituée qui a perdu tout repère, ses racines, au sein de cet hôtel borgne aux néons verts et bleus, glauque. Il faut rembourser les passeurs, le passeport, un total de 6 000 euros comme insiste le proxénète cynique et violent (Adolfo Fernández) quand l’innocente Evelyn découvre le pot-aux-roses et demande à récupérer ses papiers confisqués. Prisonnière, droguée de force… elle va passer par tous les stades du sentiment pour tenter de contrer l’horreur. D’abord comme un oiseau dans le nid, cachée, puis rebelle, prête à tout pour fuir, et puis… un final noir comme l’enfer. Ne cherchez aucun espoir, aucun rayon de lumière. Ce film est aussi sombre et oppresant que le viol subi par la jeune fille dès son arrivée dans le puticlub maudit.

© C.B.

Evelyn, de Isabel de Ocampo, avec Cindy Díaz, Adolfo Fernández, Ari Rubiano Saavedra… À l’affiche en Espagne à partir du 8 juin 2012.

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