Moonrise Kingdom

Moonrise Kingdom est le 7e film de Wes Anderson, récemment présenté en ouverture à Cannes. Une oeuvre en forme de bijou fantaisiste, magique et coloré. L’histoire de Suzy et Sam dans les années 60, ils ont 12 ans, et vivent leur premier amour. Au rendez-vous, une pléiade d’acteurs fantastiques tels que Frances McDormand, Bill Murray, Edward Norton et d’autres surprises… à ne pas manquer.

 

Été 1965, une île de la Nouvelle-Angleterre. Suzy et Sam, 12 ans, mettent les voiles au terme d’un pacte secret. Ils ont en commun d’être des enfants rebelles, hors des sentiers, trublions en classe pour Suzy ou chez les scouts, pour Sam, petit orphelin plus futé que ses petits camarades. Suzy et Sam ont aussi en commun d’être amoureux et Wes Anderson leur donne alors les ailes nécessaires pour vaincre tous les périls : parents , policier (ah ! Bruce Willis en flic naïf au grand coeur…), et grande tempête qui se prépare sur l’île. Évidemment, avec Wes Anderson les personnages enfantins ont les même aspirations que les adultes… la recherche incandescente de l’amour et de la liberté. Seulement, l’enfance permet tout et ces deux-là, au contraire des adultes qui les entourent, font tout pour réaliser leurs rêves. Ce ne sont pas des enfants mièvres, et les adultes, on s’en rend compte au fil du film, ne sont pas plus adultes que Suzy et Sam. Eux, traînent aussi pas mal de casseroles, à commencer par les parents de Suzy (Bill Murray dont c’est la 6e collaboration avec le réalisateur, et la géniale Frances McDormand). Lui, avocat paumé et quelque peu neurasthénique, elle, en pleine aventure extra-conjugale avec celui qui semble être le seul gardien-flic de l’île, interprété par l’inclassable Bruce Willis (quoi qu’on puisse lui reprocher de ses collaborations « blockbusteriennes », Willis demeure un acteur de talent). Edward Norton, quant à lui, campe un chef-scout incapable de tenir une tribu au calme… bien plus naïf que les bambins sous sa protection.

Il y a toujours la magie du conteur chez Wes Anderson, sorte de maître « es-fabula » dont on avait apprécié déjà l’imaginaire fantaisiste à travers des oeuvres hors cadres telles que La vie aquatique ou À bord du Darjeeling Limited. Des images aux couleurs aussi saturées qu’elles le furent dans les années ciné des 60’s et 70’s, pleines de fantaisie bubble-gum comme une série anglo-saxonne. Et les premières séquences convoquent l’esthétique des épisodes fantastiques de Chapeau melon et bottes de cuir via Emma Peel-Diana Rigg. Les amours tendres des jeunes héros sont soulignées par la voix de Françoise Hardy sur le Teppaz, chantant « Le temps des copains », l’une des plus belles scènes du film… où les enfants dansent sur la plage de leur petite île déserte en forme de paradis lointain. Ils vivent l’instant précieux et ont la candeur, l’insouciance de ces années-là, complètement Yéyé.

© Corinne Bernard, juin 2012.

Moonrise Kingdom, un film de Wes Anderson, avec Jared Gilman (Sam), Kara Hayward (Suzy), Frances McDormand, Edward Norton, Bill Murray, Bruce Willis, Harvey Keitel… En salles en Espagne le 15 juin 2012.

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