Avec “Atopia”, le CCCB invite à découvrir la ville, l’urbanité dans tout ce qu’elle peut contenir de grand ou de chaotique. 168 oeuvres d’artistes de tous horizons avec en point d’orgue, des photos de David LaChapelle. Rendez-vous jusqu’au 24 mai.
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Atopia : Les artistes dans la ville
La ville fascine. La ville du XXIe siècle inspire. Ses excroissances, ses édifications… Elle s’étend à travers ses faubourgs et s’élève de plus en plus haut… Les hommes y vivent et la modèlent à leur gré procurant ainsi de nouveaux sujets d’expression artistique. Et puis, la ville, monstrueuse, oublie l’individu parfois jusqu’à le rendre solitaire malgré lui. C’est un peu tout cela que l’on peut voir à travers l’exposition Atopia, proposée au CCCB, à Barcelone. Une expo o๠l’on observe que la photographie reste le médium le plus apprécié aujourd’hui. Parmià quelques peintures, sculptures, vidéos ou installations, la part belle est laissée à la photo, ce qui n’est pas pour nous déplaire. On démarre avec la première section, nommée à«à The city versus the inhabitantà à» (La ville face à l’habitant). Elle dépeint, entre autres, les tensions qui peuvent exister entre l’artiste, l’individu, et la ville. Ainsi les photos de Anothermountaiman, une mise en image de la solitude en milieu urbain o๠l’on voit plusieurs générations accomplissant des tâches du quotidien dans un environnement aux accents hostile : un immeuble en construction o๠domine le vide (cinq photos de la sérieà Lanwei, 2005).à Avec la même sensation d’urbanité glaciale et incommode, la vidéo impressionnante de l’artiste Loulou Cherinet (Suède, 1970) montre des blessés à terre, en blouse blanche, le sang coule des bras… et puis ils se lèvent. On pourrait y voir l’indifférence face à la douleur des grandes villes, la multitude qui empêche toute empathie. Avec des tableaux o๠réalisme et aplats sont réinventés à la manière du Pop Art (on pense notamment à à Tom Wesselmann et à Mel Ramos), le peintre Tim Eitel affiche la couleur des grandes villes et de leur nombre croissant d’habitants. Les déchets sont une des traces de notre résidence ou de notre passage dans la ville. Une toile immense représente un caddie d’o๠débordent des sacs plastiques et des poubelles… s’agit-il de caddies que promènent les laissés-pour-compte de nos capitales?
“La Ville sans l’habitant”
Avec la deuxième partie de l’expo, La ville sans l’habitant, c’est une autre ambiance. Les photos de Nuno Cera nous entraà®nent dans l’intimité de chambres d’hà´tels luxueux. à A room with a view , montre les hà´tes de ces chambres en surimpression. On distingue à peine les corps, ils sont là comme des fantà´mes, avec comme toile de fond les lumières des villes. Des vues féeriques sur Berlin, Bâle, Istanbul, Lisbonne, Sao Paulo et… Barcelone (Arts, Barcelone, 2007). Le portugais Baltazar Torres offre une nouvelle cartographie de la ville avec une sculpture en bois et plastique o๠les habitants (représentés par de petites figurines blanches) sont reliés physiquement à un édifice grâce à des tubes transparents qui prolongent leur bras (Ruche/oxygène). Très ludique,à Tiffany Chung est optimiste et joyeuse, elle invente une ville en rose avec une sculpture entièrement faite de polystyrène pour des buildings roses, verts, bleus… aux imprimés fleuris (D-City : where sidewalk cafes meet the stars, 2009). A travers des oeuvres éclectiques, la troisième partie de l’expo, intitulée à«à L’Habitant sans la villeà à», est une manière de caractériser l’homme dans sa solitude “urbaine”. Ces mégalopoles tentaculaires sont comme des vampires qui absorbent l’individu. Ces citadins sont représentés avec un humour grinçant et jubilatoire par les sculptures de Erwin Wurm. Ainsi,à Hypnosis (2008), o๠l’on voit un homme sans tête, ou plutà´t des jambes et, à la place du buste et de la tête, ce qui pourrait être une énorme pierre. Erwin Olaf offre des photos très stylisées. Des portraits de femmes sublimes, aux tenues parfaites et très 60’s, qui évoluent dans des décors presque théâtraux.à Elles sont splendides, ont de l’allure, mais semblent perdues, tristes. Parfois, des larmes jaillissent et l’on peut lire l’angoisse. La ville serait alors une sorte de faucheuse d’âmes. Remarquables, les peintures du mexicain Gino Rubert : des scènes de vies aux couleurs franches, non sans rappeler le style deà Frida Kahlo par la profusion de détails. Une scène de jeux au bord de la piscine ou encore, des journalistes dans un musée, bloc notes en main. Tous les visages sont des collages photos sortis de magazines de mode.
Last super-Gaza
La dernière section, à«à Apothéose urbaineà à», questionne l’identité, l’appartenance à des groupes. O๠l’on verra quatre photos duà photographeà David LaChapelle, célèbre pourfendeur d’icà´nes. Ici, la ville est le lieu de toutes les prédications et met en scène la mort (What will you wear when you’re dead?, 2002) ou la religion. Le Christ fait son sermon face à des disciples symboles de notre temps, un mannequin et des rappeurs (Sermon, 2003).à L’exposition se termine brillamment avec Last Super-Gaza (2008), une photo de Vivek Vilasini. Une image sulfureuse qui brise les codes religieux imposés puisque la Cène (clin d’oeil à l’oeuvre de Léonard de Vinci) à est représentée par des apà´tres qui ne sont autres que des femmes en tchador. Même le Christ est voilé. Belle manière d’envoyer promener les démons de toutes les croyances.
à©à Corinne Bernard, mars 2010.
à©à Vivek Vilasini.à Last Super-Gaza, 2008.
Exposition visible jusqu’au 24 mai 2010, au CCCB (C/Montalegre, 5). Du mardi au dimanche, de 11h à 20h. Le jeudi, de 11h à 22h (entrée gratuite tous les jeudis, de 20h à 22h).
Crédits photos : photo d’accroche :à Oleg Dou “Swimmer 3”, Sèrie Freaks, 2006.à Cortesia Aidan Gallery. Photo 1 :à Anothermountainman “Lanwei 4 /BFly Away, Guangzhou, China”, 2006.à à©Anothermountainman (Stanley Wong) 10 Chancery Lane Gallery. Photo 2 :à Nuno Cera “A room with a view # 1, (Park Inn, Berlin)”, 2007.à Cortesia Galeria Pedro Cera, Lisboa.
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