Vincere, c’est l’histoire vraie d’un secret de jeunesse de Mussolini dans une Italie convulsive. Où l’on voit que la soif du pouvoir mène à tout. Le nouveau film de Marco Bellocchio sélectionné à Cannes cette année.
Vincere… le secret de Mussolini
à
Vincere est de ces films ultra-primés (meilleur acteur, meilleur actrice et meilleur réalisateur au festival de Chicago) et reconnus (sélectionnés aux festivals de Toronto, New-York, Cannes…)… Ida Dalser (Giovanna Mezzogiorno) a été un amour de jeunesse et un secret, presque bien gardé, de Benito Mussolini (Filippo Timi). C’était à ses débuts politiques, avant le communisme, lorsqu’il prônait un socialisme en lutte contre monarchie et religion. Avec cette belle jeune femme, il aura un fils. Oui, mais voilà , cette liaison est une passion pour Ida, un moyen de vaincre pour Benito. Car il a soif de pouvoir et c’est tout ce qui l’agite. L’amour semble à peine l’effleurer, c’est ce qui transparaît dans le film. Grâce à elle, il va créer son deuxième journal et conquérir le peuple par ses qualités d’orateurs, de meneur de foule. Benito Mussolini est déjà marié à la beaucoup moins glamour Rachele (une femme anodine, plus proche du peuple) avec qui il a des enfants. Ida Dalser, passionnée, élégante, sentimentale, devient très gênante… Devant son succès croissant et son hégémonie de dictateur, il choisira de la faire taire. Elle passera onze ans dans différents asiles psychiatriques, véritables prisons, tandis que le fils sera placé dans une institution, caché. Pendant cette réclusion pour la forcer au silence, Ida va continuer de clamer haut et fort qu’elle est la seule et unique femme de Benito Mussolini, malgré les recommandations avisées d’un psychiatre entiché d’elle. Elle ne sait pas mentir, c’est une « passionaria », presque une caricature de la femme italienne prête à tout pour défendre son honneur et surtout, la légitimité de son fils. Marco Bellocchio offre un film en forme de théâtre lyrique, visuellement proche de la perfection mais qui lasse parfois par son exubérance, sa redondance à l’italienne… question de tempérament. Trop d’opéra, avec des pièces musicales qui n’en finissent pas. à Il semble aussi que le cinéaste italien ait voulu rendre hommage à ses prédecesseurs : Fellini, mais aussi Fritz Lang, pour son expressionnisme. Tout y est, les ombres chinoises, les visages aux expressions caricaturales. Un film lyrique où les acteurs et les images sont beaux… mais deux heures d’opéra cinématographique… un petit peu long quand même.
© Corinne Bernard, juin 2010.
Vincere, un film de Marco Bellocchio, avec Giovanna Mezzogiorno et Filippo Timi, 128 mn. A l’affiche en v.o au Renoir Les Corts, Barcelona.